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AMELIOR Association des Marchés Economiques Locaux Individuels et Organisés du Recyclage
5 février 2015

ASSOCIATION AMELIOR – LES BIFFINS RAPPORT D’ACTIVITÉS 2014

QUI SOMMES-NOUS ?

L'association AMELIOR a pour ambition de développer la récupération et le recyclage populaires, en apportant son soutien aux récupérateurs-revendeurs, les biffins, par l’organisation de nouvelles formes locales d'économie de la récupération.
Fondée en août 2012 par Martine Huser et Samuel Le Cœur, AMELIOR est née de plusieurs constats. D'abord, celui de l'absence de réponse concrète, de la part des institutions municipales franciliennes, aux appels formulés maintes fois par des biffins confrontés à des problèmes de plus en plus graves : absence de places spécialement dédiées à la biffe dans l'espace urbain, limitation des espaces pérennes existants (puces, brocante, carré des biffins...), cherté des espaces éphémères (le mètre linéaire pouvant atteindre 25 euros sur un vide-grenier parisien)... Et, pour conséquence, la contrainte pour la plupart des biffins de vendre « à la sauvette » : dans des espaces où la biffe n'est ni autorisée, ni organisée, de ce fait non protégée. De là, deux phénomènes : d’une part, la forte dévalorisation du métier de biffin, identifié à celui de vendeur à la sauvette, et devenant source de nuisances publiques ; d’autre part, un renforcement de la répression judiciaire et policière sur les biffins eux-mêmes1. Ainsi, les biffins se trouvent réprimés (expulsés de l'espace public, arrêtés, spoliés de leurs biens mis à la benne sans inventaire...), alors même qu'on refuse de les sortir de l'illégalité et de la précarité qui est la leur, et s’aggrave de ce fait; alors même que la biffe est une solution économique nécessaire en ces temps de crise économique ainsi qu'environnementale.
C’est dans le but de défendre leur métier – et leur personne – contre ces abus, de donner à la récupération-revente la place qu’elle mérite sur l’espace public, que l’association est née en août 2012.

LES MARCHÉS

Permettre aux biffins d’accéder à des lieux de vente autorisée et encadrée est une priorité pour l’association. Dans sa forme même, l’association est structurée en vue de cela ; en effet, la carte d'adhésion à l'association (acquise pour 2 euros l'année en 2014) donne droit au biffin-adhérent de vendre toute l’année sur les marchés de l'association, ou sur les espaces qu’elle parvient à occuper sur d’autres marchés. Ce, pour un prix estimé proportionnellement aux nécessités économiques de la biffe, et souvent au niveau de vie même des biffins – deux euros le mètre pour une journée de marché (le tarif augmentant au- delà de deux mètres afin d’éviter les déséquilibres entre vendeurs, et de pouvoir intégrer le plus de monde possible).

1 Cf. l’article 446-1 du Code pénal qui depuis la loi Loppsi 2 dispose que « la vente à la sauvette est le fait, sans autorisation ou déclaration régulière, d’offrir, de mettre en vente ou d’exposer en vue de la vente des biens ou d’exercer toute autre profession dans les lieux publics en violation des dispositions réglementaires sur la police de ces lieux » . Il s’agit depuis d’un délit puni de 6 mois d’emprisonnement et de 3.750 euros d’amende.

En devenant membre, le biffin se place sous la responsabilité de l'association, et est assuré dans l'exercice de son activité. Il doit adhérer à la « charte du biffin », par laquelle il déclare avoir plus de 18 ans et être domicilié en Europe, et s’engage à ne vendre que des objets issus du recyclage et de la récupération, prenant et acte du fait que sont interdits à la vente les produits alimentaires, les objets issus du recel, les armes, les drogues, le neuf, les cosmétiques. Chaque biffin vend sur les marchés ou stands AMELIOR ses propres marchandises, et en retire son propre bénéfice. Ainsi, la biffe est légalisée et encadrée sans être pour autant centralisée; on doit penser l'organisation de la vente à AMELIOR sur un modèle fédéral. Chacun est responsable de la tenue de son stand, tant pour les prix pratiqués que pour le nettoyage, par exemple. Les biffins ne souhaitant pas remporter chez eux leurs invendus sont également invités à les donner : depuis 2014, l’association organise en fin de marché des stands de gratuité avec ces invendus, afin qu’ils soient récupérés gratuitement et sans atteinte à la propreté des lieux de marché.

C’est ainsi que l’association entend proposer un nouveau modèle d'organisation de la biffe en ville, qui tienne compte des nécessités économiques auxquelles sont confrontés les biffins, et respecte l'indépendance et la mobilité des biffins. Les biffins sont nombreux en Île de France ; ils ont besoin de vendre régulièrement et si possible dans des endroits proches de leur lieu de résidence ou d’activité. Le marché des biffins doit devenir un service de proximité, une ressource locale, tant pour eux que pour leurs acheteurs. En effet, le marché répond à un besoin, celui des acheteurs et des riverains : organiser un marché public, ouvert à tous et respectant la propreté et la tranquillité du quartier, met à la portée de chacun des produits du quotidien à bas prix, et anime l’espace social. C’est un événement fédérateur, apprécié de tous et créant du lien social tant parmi les vendeurs qu'avec leurs acheteurs.

Pour toutes ces raisons, le souci premier de l’association est d’organiser des marchés, ou de s’ associer avec des marchés existants, de donner aux biffins des places pour vendre et faire (re)connaître leur activité. En 2014, l’ association AMELIOR a tenu un marché des biffins mensuel sous la halle Croix de Chavaux. En effet, après s’être vu octroyé en 2013 le droit d’y organiser 4 marchés expérimentaux, le dispositif a été est pérennisé pour 2014. Le marché, mensualisé, devient un véritable rendez-vous de quartier, où environ 200 biffins adhérents peuvent déballer leurs marchandises toute la journée. Dans cet espace public de 2200 m2, l'association s’implante dans un territoire dont sont issus beaucoup de biffins, et dans lequel nombreux sont les ménages demandeurs en équipements à bas coût. Il répond à une réelle demande locale, d’ autant plus que l’ année 2014 a vu se renforcer la répression dans la zone des puces de la Porte de Montreuil (devenue ZSP) , dont beaucoup de biffins et acheteurs dépendaient pour vivre. Le dispositif, qui se veut une alternative à cette voie répressive, a pour vocation d’être étendu. A la rentrée 2014, l’ association entame donc des négociations avec la ville de Bagnolet, confrontée alors à une recrudescence des marchés à la sauvette du fait de la ZSP. Un marché des biffins doit y être expérimenté en 2015.

L’association a également pu négocier des stands de biffins dans des vide-greniers et évènements organisés par d’autres structures (vide-greniers de quartier, fête de Montreuil, de Comvousémoi, de La Noue; forum des associations de Bagnolet ; Système-Day à Paris 20e...) Elle a également pu y être invitée à organiser la récupération-don des invendus à la de fin de vide-greniers confrontés au problème de leur gestion (stand de gratuité à la fin de la fête de Comvousémoi). Chaque fois, il s’agit de donner aux biffins l’accès à des places pour vendre, de présenter leur activité et leurs compétences à des publics nouveaux, et de montrer comment elles peuvent être intégrées à l’espace public, à ses dynamiques existantes et ses acteurs. Pour tout cela, l'association n'a bénéficié en 2014 d'aucune subvention ; elle fonctionne pour l''instant de manière auto-gérée, grâce aux adhésions, au revenu des places sur les marchés et à l'énergie de ses bénévoles.

* LA RÉCUPÉRATION ET LE RECYCLAGE *

Dans un même souci de limiter la production de déchets et de développer une consommation d’occasion plus respectueuse de l’environnement, l’association propose aux franciliens de récupérer à domicile les objets et meubles dont ils ne veulent plus. Plutôt que de les jeter, ils peuvent les donner à l’association afin qu’ils soient revendus sur les marchés des biffins, au bénéfice de l’association et donc de l’organisation de ces marchés. En 2014 des collectes ont ainsi été effectuées par les bénévoles de l’association à Paris, Montreuil, Bagnolet, Arcueil...

Les biens récupérés sont stockés dans un local à Bagnolet, qui de 2013 à 2014 a également hébergé des activités de recyclage des métaux, en lien avec les associations Emmabuntus et SOS Architecture Tiers-Monde. Ces partenariats ont cessé en 2014, suite à la création par cette dernière d'une entreprise consacrée uniquement au recyclage, financée par le Comptoir Général et embauchant deux personnes recrutées en emploi aidé par Amelior en 2013. Le Centre des Objets Perdus au Comptoir Général est devenu une boutique indépendante de l'association, tenue par Martine Huser.
Le recyclage des matériaux reste cependant un des objectifs de l'association : à la rentrée 2014, Amelior a commencé à travailler avec la nouvelle équipe municipale de Bagnolet sur le projet de transformation de ce local en recylerie coopérative.

* L'INTERPELLATION PUBLIQUE *

L'association AMELIOR considère l’interpellation des institutions et le travail de communication, de sensibilisation du grand public aux problèmes liés à la biffe, comme un prolongement nécessaire de son activité.

Cela implique la dénonciation des problèmes sociaux, économiques, juridiques que rencontrent les biffins aujourd’hui : marginalisation de l'espace public, répression policière, précarité économique, dévalorisation de leur image et de leur métier, invisibilité médiatique sont autant de phénomènes qu'il est nécessaire de pointer du doigt. Le discours répressif, qui fait du renforcement de la présence et de l’intervention policière la seule manière de « gérer » le problème de la biffe à la sauvette nous entraîne dans un cercle vicieux : augmentant la précarité et la pauvreté des biffins elle les enjoint, non pas à cesser de vendre là où ils le peuvent, mais à vendre plus, plus vite, moins cher, de nuit, en changeant sans cesse d’endroit... Les nuisances générées par l’inorganisation des lieux de vente en sont simplement déplacées à mesure que les marchés à la sauvette se déplacent, et en sont en général renforcés (absence de toilettes, de poubelles, de nettoyage en fin de marché, abandon des marchandises dans l’urgence de fuir la police, conflits avec un voisinage qui souffre de cette inorganisation...)

2014 fut une nouvelle année d’urgence majeure de ce point de vue-là, dans la mesure où la Porte de Montreuil ainsi que le quartier des coutures à Bagnolet ont fait l’objet de politiques répressives supplémentaires (fermeture de la passerelle Lucien Lambeau, passage au statut de Zone de Sécurité Prioritaire de la zone des puces de la Porte Montreuil), obligeant les biffins à se déplacer dans d’autres endroits (Bd de la Villette à Belleville, Barbès...), toujours de manière inorganisée.

La question environnementale est également au coeur du discours d'AMELIOR : récupération et recyclage, plutôt que gaspillage et extractivisme, sont des nécessités pour parvenir à une économie écologiquement viable, produisant moins de déchets et faisant moins pression sur les ressources naturelles. La compétence des biffins, récupérateurs de déchets et vendeurs de produits d’occasion revalorisés, mérite d’être reconnue et prise pour modèle d’une économie et d’un mode de vie écoresponsables.

AMELIOR entend donc se positionner comme interlocuteur dans ces questions humanitaires, socio-économiques et environnementales. En 2014, l'association est ainsi invitée dans de nombreux débats, festivals, projections, rencontres... Qui ont pour thèmes ces problèmes et les solutions que les citoyens peuvent leur apporter (Systèmes-Day, mouvement Zero Waste...)

En 2014 l’association a été invitée par le mouvement Justice et Paix à la Rencontre Mondiale des Mouvements Populaires au Vatican. Du 27 au 29 octobre, à Rome et au Vatican, 150 associations du monde entier, dont les recicladores, catadores et cartoneros d’Amérique du Sud, sont invitées à parler de leur lutte et se rencontrer.

Le président d’AMELIOR y est invité, avec le président des biffins de la porte montmartre de l'association de Sauve-qui-peut, à représenter les biffins parisiens dans ces journées, en présence notamment du pape François et du président colombien Evo Morales. Elle s’y rend en toute laïcité afin de représenter les biffins franciliens et de présenter leur lutte dans cet espace de reconnaissance internationale.

Enfin, l'association intervient sur le terrain des institutions, pour interpeller directement les pouvoirs publics sur l'urgence de la situation, les interroger sur les avancées concrètes réalisées pour la biffe, tout en se posant elle-même comme force de proposition et d’action. Les demandes de rendez-vous avec les élus parisiens à la propreté, à la lutte contre l'exclusion, à l'économie sociale et solidaires, multipliées en 2014, demeurent sans réponse. Pour briser ce silence, l'association organise des manifestations ; en septembre 2014 elle manifeste sur le parvis de l’Hôtel de Ville, lors de la réunion du Conseil de Paris, ainsi que devant la mairie du 20e arrondissement.

Elle intervient lors de rencontres citoyennes pour présenter la situation des biffins et les solutions qu’elle propose, essaie de développer un réseau d’acteurs solidaires de la récupération, qu’elle invite sur ses marchés (Disco Soup, Gars pilleurs, Les filles du facteur) ou avec lesquels elle participe à des programmes de lobbying ou de recherche-action (Zero Waste, Acteurs du Paris Durable, Rues Marchandes...)

En 2014, AMELIOR continue à répondre à l’appel des medias, que ce soit la presse (Le Canard Enchaîné, Libération, La Croix, Direct Matin, Le Parisien...), la TV (France 4, France 24, France 3 Regional...), la radio (France Inter, Radio Campus, Fréquence Paris Plurielle), le web (Reporterre, 75020.fr)... Ou encore des reporters et documentaristes indépendants, désireux de montrer l’activité des biffins et de faire avancer la réflexion sur les solutions possibles à la crise que rencontre la biffe en Île de France depuis ces dernières années.

Pour se faire connaître et sensibiliser à son combat, l’association génère également sa propre communication, via Internet et les réseaux sociaux (blog de l’association, Facebook de l’association), ou via la diffusion de tracts, flyers et affiches informant des activités, évènements ou positionnements de l’association.

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