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AMELIOR Association des Marchés Economiques Locaux Individuels et Organisés du Recyclage
9 avril 2022

Appel a signatures solidaires en faveur de la reconnaissance des marchés aux puces des biffins

Ce samedi 2 avril 2022, un candidat à la présidence française s'est présenté au marché aux puces des biffins, marché populaire de Marseille.

 

Sur le lieu de travail et en l’absence des vendeurs, il a considéré qu'il faudrait qu'un président élu réclame à son ministre de l'intérieur de «nettoyer  physiquement ces gens «avec plus que du Karcher» insistant sur l’origine des «pays du sud» de ses « délinquants clandestins » qui «s’adonnent à du trafic» et  symbolisent le «grand remplacement» dans nos villes et nos quartiers qui «abandonnent » et «s’en lavent les mains» 

 

Parce qu'il est toujours nécessaire de recontextualiser historiquement, mais aussi d'un point de vue démocratique et républicain, reprenons depuis le début.

 

 

Aujourd’hui comme depuis des siècles, les biffins et biffines récupèrent dans les rebuts et revendent chaque semaine leurs trouvailles lors de marchés de plein vent très fréquentés non organisés, à l’origine des marchés aux puces. 

 

Ces personnes, souvent en situation d’extreme précarité, exercent ce métier dans des conditions indignes d’une société respectueuse des droits humains, professionnels et environnementaux. 

Ce sont des travailleurs dissimulés des déchets, sans aucun droit. 

 

Ces récupérateurs vendeurs vivent d'un travail qui est pourtant essentiel à l’entraide  dans la défense du pouvoir d’achat des habitantEs des quartiers populaires- qui contribue a la lutte contre le chomage et la pauvreté- et contribuent de manière significative à la réduction des « déchets » par le réemploi et le recyclage… 

 

Ils et elles, acheteurs comme vendeurs, sont confinés dans l’achat-revente «à la sauvette».

 

collecter, transporter, trier et présenter des marchandises à la vente sur les marchés et brocantes pour le réemploi, des matériaux de ferraille et métaux pour la revente aux ferrailleurs industriels pour le recyclage est une activité digne, noble, atemporel et universelle: il y a 20 millions de « récupérateurs recycleurs »  dans le monde actuellement, plus de 20 000 en France. Un adulte sur 2 en france vivant en bidonville est biffin ou ferrailleur.

 

La Première République estimait que toute personne vivant en France, y travaillant, y étant marié, ou y ayant un enfant était citoyen français et avait donc les mêmes droits et devoirs qu'un natif français. Gracchus Babeuf n'était pas étranger à cette avancée. Acharné défenseur des pauvres, des sans-grades, de « ceux qui ne sont rien », il n'a eu de cesse de les défendre, de refuser toute forme de discrimination, d'exiger des hommes  et femmes de pouvoir qu'ils rendent compte de leurs actes. Il a démontré que l'on est sans cesse en travail de liberté. Pour la Première République la notion même de nationalité n'existe pas. 

 

Plus tard, s'appuyant toujours sur Babeuf, l'article 11 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 annonçait : « Elle –la République- garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et au vieux travailleur la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence. » Aujourd'hui, on parle d'êtres humains qui, dans une situation économique nationale complexe, inventent leur propre travail pour réunir des moyens convenable d'existence. Ce modèle économique, que certains appellent "économie parallèle » et soupçonnent de trafic, existe depuis 800 ans. 

 

Reconnus parmi les premiers métiers de France, la présence, le rôle, l’utilité des chiffonniers ferrailleurs et puciers brocanteurs traversent le quotidien des habitants des villes et campagnes francaises depuis toujours.

 

Il n’y a pas de recyclage sans les chiffonniers, pas de marchés aux puces sans les biffins. 

Ils en sont les inventeurs, les pionniers, les acteurs majeurs, les garants, ils sont les travailleurs essentiels à la chaine du réemploi et du recyclage.

 

 

Se référer à l'Histoire pour construire la France, à des événements constitutifs de notre identité est un passage, un parcours, qui devient primordial dans une société où tout se brouille, où l'on monte les pauvres contre les pauvres, désignant le voisin comme le nouvel ennemi. 

La lutte quotidienne des biffins c'est un nouveau Front Populaire encore silencieux. 

Une lutte pour la reconnaissance de nos droits de la République, professionnelles et sociaux. 

 

A commencer par le droit au travail, qu'ils inventent puisqu'exclus du parcours emploi « classique », et le droit au logement, à la santé, à l'école, à la culture. 

 

On souhaiterait que les droits réclamés par la Commune de Paris en 1871, confortés par les reformes sous le Front Populaire en 1936, rappelés et appliqués par les nouveaux droits sociaux du CNR en 1944, existent pour ces familles qui vivent et travaillent en France, comme nous, pour ces citoyens en France.

 

Le quart-monde, c'est ce que des politiques ont fait à la France populaire. 

La solidarité, c'est ce que ce peuple met en œuvre pour résister et survivre.

La solidarité est la dernière réponse à un capitalisme triomphant et destructeur. 

Les biffins sont le symbole de cette solidarité active, de cette économie raisonnée et raisonnable à laquelle on aspire, de cette lutte pour nos droits qui s’estompent chaque jour un peu plus dans un monde ou la notion de solidarité reste un combat.

 

Face a ces enjeux, des acteurs existent et leurs solutions sont mises en oeuvre: 

Les associations de biffins en France y travaillent au quotidien, réclament des avancées concrètes, sont prêtes à travailler. 

 

La mobilisation doit s’amplifier, avec la bonne volonté politique d’inclusion sociale et professionnelle des récupérateurs:

 

-L’urgence de la création de nouveaux droits collectifs, de nouveaux marchés aux puces  reconnus localement sous toutes les formes d’autorisation individuelle de vendre pour tous les travailleurs concernées 

 

C’est dans le respect, la reconnaissance, l’organisation des marchés aux puces et d’un soutien à la transition de l’économie populaire que nous trouverons et dévelloperons de «  nouveaux » métiers et le «plein emploi», le "zero chômeur » et « en même temps » le « zéro déchet » !

 

La biffe, cette économie vertueuse, pourvoyeuse d’un travail accessible à touTes, qui pourrait faire baisser le chômage et la pauvreté en augmentant le taux de réemploi et de recyclage de la gestion collective des dits « déchets » mérite le concours de toutes les forces progressistes de notre pays.

 

 

Les biffins sans place et ferrailleurs indépendants, les associations de biffins et ferrailleurs Indicible, Freeprix, Sauve Qui Peut, AMELIOR de Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nice, Lyon, Villeurbanne, Paris, Sevran, Montreuil, Bagnolet, St Ouen….

Commentaires
I
Stéphanie Fernandez Recatala<br /> <br /> Association Indicible
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